Artikel in ‘Le Soir’ van Zaterdag 21 April 2007 (Victoire No 39)

5 bonnes raisons de voir l’expo «TRANSPOSITION(S) (2)

Annelies De Mey saisit au travers de son objectif des espaces et des moments d’étrangetĂ©, dĂ©couverts au hasard de promenades
 Mais photographiĂ©s de façon Ă©tudiĂ©e, pour en faire des sujets intenses. Du noir intense, des lignes lumineuses, des temps suspendus : dĂ©couverte d’une artiste anversoise dont l’Ɠil se balade entre Gand et Bruxelles, avec Erik Eelbode, critique d’art.

Un Ă©cran blanc et deux chaises
 Laquelle choisirait Annelies De Mey ? Certainement pas celui qui est Ă  l’avant, a confiĂ© Annelies De Mey Ă  Erik Eelbode: “(
)je me trouverais en position de portrait, ce que je prĂ©fĂšre Ă©viter (
)”. Comme beaucoup de photographes, Annelies a choisi de se trouver d’un cĂŽtĂ© de l’objectif pour ne pas apparaĂźtre de l’autre. Mais l’humain, l’ĂȘtre vivant, quel qu’il soit, brille par son absence dans ses photos. Ce qu’elle aime Ă©voquer, c’est ce vide, cet instant d’ « avant » qui ne laisse rien deviner ou si peu de ce ce qui se passera ensuite


Goal ! Celui-ci semble branlant, c’est une de ces constructions de fortune qui accueille les jeu des jeunes d’un quartier populaire
 Pour le photographier, Annelies a dĂ» s’y prendre Ă  plusieurs reprises, et elle avoue n’ĂȘtre pas totalement satisfaite du rĂ©sultat ! Prendre le temps de crĂ©er : cette dĂ©marche devenue rare se ressent dans l’esprit de lenteur qui Ă©mane de ces photos. Ici la noirceur de l’image acquiĂšre autant de sens que celle du cĂ©lĂšbre carrĂ© de Malevitch
 ou que la blancheur des Ă©crans de cinĂ©mas immortalisĂ©s par Hiroshi Sugimoto.

A table ? Des tables dressĂ©es, dont les couverts sont protĂ©gĂ©s de façon insolite par d’anciennes feuilles d’ordinateur, et qui attendent des convives qui ne viendront peut-ĂȘtre jamais
 Ici, le noir et blanc ajoute Ă  l’étrangetĂ© du lieu. A nouveau, Annelies refuse de projeter une image qui Ă©voquerait un quelconque futur, qu’elle estime sans doute incertain : elle saisit l’instant dans sa bizarrerie, le coupe de ce qui pourrait lui enlever son aspect insolite. La rĂ©alitĂ© prend un autre sens, dans ce cadre brut.

Le raccourci
 Un bout de tuyau, une corde, une chaĂźne et des piquets, et une dalle de bĂ©ton: Annelies s’est promenĂ©e dans “une sorte de parc que tout le monde traversait, mais seulement dans le but de prendre un raccourci.”, jusqu’à ce qu’elle trouve l’endroit qui le symbolise le mieux
 Dans un cadrage carrĂ© elle met en valeur un lieu abandonnĂ© tel que ceux que l’on croise au quotidien sans plus les regarder
Un lieu trouvĂ©, semblable aux objets trouvĂ©s des surrĂ©alistes. Un lieu qui ne s’invente pas, et qui pourtant semble dĂ©tachĂ© du rĂ©el.

Dans l’escalier : une rampe, des barreaux, un tissu qui pend sur une barre, une balustrade, un grand espace Ă  contre-jour. En les fixant sur pellicule, Annelies De Mey ordonne ces choses prĂ©sentes de maniĂšre fortuite dans une apparence chaotique
 Elle considĂšre cette photo comme la synthĂšse de son travail sur l’image et sa puissance. Une question de regard, d’instant, de lumiĂšre, de cadre


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