5 bonnes raisons de voir lâexpo «TRANSPOSITION(S) (2)
Annelies De Mey saisit au travers de son objectif des espaces et des moments dâĂ©trangetĂ©, dĂ©couverts au hasard de promenades⊠Mais photographiĂ©s de façon Ă©tudiĂ©e, pour en faire des sujets intenses. Du noir intense, des lignes lumineuses, des temps suspendus : dĂ©couverte dâune artiste anversoise dont lâĆil se balade entre Gand et Bruxelles, avec Erik Eelbode, critique dâart.
Un Ă©cran blanc et deux chaises⊠Laquelle choisirait Annelies De Mey ? Certainement pas celui qui est Ă lâavant, a confiĂ© Annelies De Mey Ă Erik Eelbode: â(âŠ)je me trouverais en position de portrait, ce que je prĂ©fĂšre Ă©viter (âŠ)â. Comme beaucoup de photographes, Annelies a choisi de se trouver dâun cĂŽtĂ© de lâobjectif pour ne pas apparaĂźtre de lâautre. Mais lâhumain, lâĂȘtre vivant, quel quâil soit, brille par son absence dans ses photos. Ce quâelle aime Ă©voquer, câest ce vide, cet instant dâ « avant » qui ne laisse rien deviner ou si peu de ce ce qui se passera ensuiteâŠ
Goal ! Celui-ci semble branlant, câest une de ces constructions de fortune qui accueille les jeu des jeunes dâun quartier populaire⊠Pour le photographier, Annelies a dĂ» sây prendre Ă plusieurs reprises, et elle avoue nâĂȘtre pas totalement satisfaite du rĂ©sultat ! Prendre le temps de crĂ©er : cette dĂ©marche devenue rare se ressent dans lâesprit de lenteur qui Ă©mane de ces photos. Ici la noirceur de lâimage acquiĂšre autant de sens que celle du cĂ©lĂšbre carrĂ© de Malevitch⊠ou que la blancheur des Ă©crans de cinĂ©mas immortalisĂ©s par Hiroshi Sugimoto.
A table ? Des tables dressĂ©es, dont les couverts sont protĂ©gĂ©s de façon insolite par dâanciennes feuilles dâordinateur, et qui attendent des convives qui ne viendront peut-ĂȘtre jamais⊠Ici, le noir et blanc ajoute Ă lâĂ©trangetĂ© du lieu. A nouveau, Annelies refuse de projeter une image qui Ă©voquerait un quelconque futur, quâelle estime sans doute incertain : elle saisit lâinstant dans sa bizarrerie, le coupe de ce qui pourrait lui enlever son aspect insolite. La rĂ©alitĂ© prend un autre sens, dans ce cadre brut.
Le raccourci⊠Un bout de tuyau, une corde, une chaĂźne et des piquets, et une dalle de bĂ©ton: Annelies sâest promenĂ©e dans âune sorte de parc que tout le monde traversait, mais seulement dans le but de prendre un raccourci.â, jusquâĂ ce quâelle trouve lâendroit qui le symbolise le mieux⊠Dans un cadrage carrĂ© elle met en valeur un lieu abandonnĂ© tel que ceux que lâon croise au quotidien sans plus les regarderâŠUn lieu trouvĂ©, semblable aux objets trouvĂ©s des surrĂ©alistes. Un lieu qui ne sâinvente pas, et qui pourtant semble dĂ©tachĂ© du rĂ©el.
Dans lâescalier : une rampe, des barreaux, un tissu qui pend sur une barre, une balustrade, un grand espace Ă contre-jour. En les fixant sur pellicule, Annelies De Mey ordonne ces choses prĂ©sentes de maniĂšre fortuite dans une apparence chaotique⊠Elle considĂšre cette photo comme la synthĂšse de son travail sur lâimage et sa puissance. Une question de regard, dâinstant, de lumiĂšre, de cadreâŠ